NOTES

 

Le parallèle entre Juvénal et Horace est, effectivemeent, un lieu commun de la critique classique qui emploie celui-ci à discréditer celui-là. Ainsi le Cours de littérature de La Harpe (t. II, p. 135 et suiv.) ou le Dictionnaire de Chaudon et Delandine à l'article JUVENAL: « [Ses Satires] sont des harangues emportées. Juvenal, misanthrope furieux, médisoit sans ménagement de tous ceux qui avoient le malheur de lui déplaire : eh! qui ne lui déplaisoit pas? Le dépit, comme il le dit lui-même, lui tint lieu de génie: Facit indignatio versum. Son style est fort, âpre, véhément; mais il manque d'élégance, de pureté, de naturel, et surtout de décence. Il s'emporte contre le vice, et il met les vicieux tout nus pour leur faire mieux sentir le fouet de la satire. Quelques savans, chargés de grec et de latin, mais entièrement dénués de goût, l'ont mis à côté d'Horace; mais quelle différence entre l'emportement du Censeur impitoyable du siècle de Domitien, et la délicatesse, l'enjouement, la finesse du Satirique de la cour d'Auguste! [...] Ce n'est point un pédant triste et farouche, élevé dans les cris de l'école; un sombre misanthrope, qui rebute par une morale chagrine et sauvage, et fait haïr la vertu, même en la prêchant: c'est un philosophe aimable, un courtisan poli, qui sait embellir la raison, et adoucir l'austérité de la sagesse. Juvenal est un maître dur et sévère, qui gourmande ses lecteurs; Horace est un ami tendre, indulgent et facile, qui converse familièrement avec les siens. Les invectives amères, les reproches sanglans de Juvenal, irritent les vicieux sans les reformer; les traits plaisans, les peintures comiques d'Horace, corrigent les hommes en les amusant. »